Au Lycée Armorin, on aime l'Europe!
Le programme de ce voyage comportait plusieurs finalités pédagogiques et reposait sur l’interdisciplinarité. Il faisait écho aux programmes d’HGGSP et de SES. Les élèves devaient ainsi avoir une meilleure compréhension du fonctionnement institutionnel de l’Union européenne, c’est-à-dire une démocratie déléguée et représentative basée sur deux tropismes (fédéral et national). Ces organes politiques entretiennent aussi des liens étroits avec les des lobbies dans la construction des questions environnementales. L’UE et son marché unique ont été étudiés selon leur aspect économique. Nos élèves sont maintenant capables de « Comprendre la compétence exclusive de la Commission européenne en matière de politique économique structurelle et notamment en matière de politique de concurrence ». L’UE a aussi été abordée comme une puissance internationale qui a son mot à dire dans la gouvernance mondiale dans les domaines diplomatique et environnemental. Le patrimoine en tant qu’élément de puissance et de modernité n’a pas été oublié (bâtiments de Strasbourg), ni son rôle dans la valorisation identitaire et culturelle d’une ville (Bruxelles). A ces deux disciplines s’ajoute des liens avec la section européenne de notre lycée. Les élèves de section euro et leurs pairs ont ainsi pu découvrir le rôle central de l’anglais comme langue d’usage au sein des institutions européennes, avec un focus sur les fonctions et les activités des traducteurs au sein du Parlement et de la Commission. Ils ont bénéficié d’un renforcement linguistique à cette occasion.
En pratique, nos élèves d’Armorin ont été actifs pendant ces quelques jours grâce à un programme de visite dense et varié. En voici le résumé.
LUNDI 25 MARS
La première journée fut longue, très longue, avec une étape de plusieurs centaines de kms. Départ à 6h de Crest et une arrivée à Strasbourg en début d’après-midi. Mais les élèves ont eu le temps de découvrir en détail le « Parlement européen », le « Bâtiment Louise Weiss ». Une visite conduite par un guide dynamique et qui avait réponse à tout nous a permis d’en savoir davantage sur le fonctionnement et les attributions de ce lieu mythique de la construction européenne. Nous savons tous maintenant comment sont votées les directives européennes et comment s’organisent les partis européens transnationaux. Nous avons eu le temps d’admirer l’architecture grandiose de ce lieu qui comprend 220 000 m2 de bureaux répartis sur 20 niveaux ! Sa symbolique est intéressante : un lieu ouvert sur le monde et qui donne l’impression d’une perpétuelle construction.
Après s’être restauré et installé en auberge de jeunesse (« the people »), nous avons pu profiter le soir d’une visite nocturne du Vieux Strasbourg. Au programme : découverte à pied de la cathédrale et de la Petite France, avec ses quais et ses ponts, et ses vieilles maisons à colombages si typiques. Sehr Schön !
MARDI 26 MARS
Le lendemain, il était temps de partir sur Luxembourg. Après quelques heures de route et un peu de shopping sur une aire d’autoroute, nous avons fait une promenade au centre-ville de la capitale de ce minuscule Etat, pourtant si important dans les rouages européens (Cour de justice située dans un quartier spécifique). Luxembourg, ancienne citadelle fortifiée par Vauban, est une mini-capitale, où l’on visite en peu de temps le palais du Grand-duc (et son garde unique !), un bâtiment où sont rassemblés en un seul lieu tous les ministères, une cathédrale et une bibliothèque nationale. Particularités de cette ville, il y a plus de banques que d’habitants. On y parle un dialecte germanique étrange mais aussi le français (ouf) et on circule en tram mais aussi avec de belles voitures de sport non électriques. La ville est constituée de plateaux séparés par de larges fossés, mais qui n’effrayent pas les plus intrépides d’entre nous.
En fin d’après-midi, nous avons repris l’autoroute direction Bruxelles. La circulation fut compliquée en soirée en raison d’une manifestation d’agriculteurs qui bloquaient toujours avec leurs tracteurs le quartier européen. Ils étaient en colère contre la politique environnementale et les écotaxes européennes. Nous étions pour le coup au cœur de l’actualité ! Après s’être à nouveau installés et restaurés (des frites !) dans une auberge de jeunesse (« Spleen well », la bien nommée), nous avons eu le temps de découvrir la magnifique Grand-Place de Bruxelles et ses façades baroques et de repérer quelques bars ou restaurants intéressants pour leurs spécialités locales...
MERCREDI 27 MARS
Après une nuit presque tranquille et un long et copieux petit-déjeuner, nous étions d’attaque pour les visites. Au programme du matin, la visite de la Maison de l’histoire européenne. Le bâtiment, typique de l’Art déco, est situé dans le parc Léopold, à quelques pas du quartier institutionnel. Le musée en lui-même est très riche en documents insolites et balaie toute l’histoire du continent, tout en se concentrant sur les XIXe et XXe siècles. Occupant quatre étages, les galeries de l’exposition permanente utilisent des objets et des ressources multimédias présentent l’histoire politique, économique, sociale et culturelle de l’Europe de manière chronologique, mais selon une approche thématique.
L’après-midi fut très studieux. Durant deux heures, nous avons été reçus de façon solennelle dans une des innombrables salles de conférence de la Commission européenne par le responsable des traducteurs francophones. Cet homme charmant nous a appris, grâce à un dialogue interactif et constructif, quels sont les rôles des traducteurs. Ceux-ci doivent traduire — en principe vers leur langue principale — des textes politiques, juridiques et administratifs, ainsi que des textes destinés à être publiés sur le web. Ces textes, souvent complexes, portent sur tous les domaines d'activité de l'Union européenne (économique, financier, scientifique, technique, etc.). Cette activité professionnelle est également riche en défis variés, habituels : comment interpréter des propositions législatives complexes ou inédits : qui connait quelqu’un qui comprend l’ukrainien ? Si vous êtes intéressés, la Commission recrute ! Elle recherche des diplômés de haut niveau, y compris des titulaires de diplômes scientifiques ou de Sciences-Po ou de diplômes de lettres en rapport avec les politiques de l'UE, tous et toutes parfaitement multilingues.
Le soir, retour à l’auberge de jeunesse (oh non, encore des frites) et une nouvelle visite nocturne du centre-ville de Bruxelles. L’auberge est pour cela idéalement située.
JEUDI 28 MARS
Pour ce dernier jour passé à Bruxelles, pas le temps de trainer. Nous sommes retournés au Quartier européen pour visiter cette fois le Parlementarium. Situé à côté de l'Espace Léopold, ouvert en 2011, ce bâtiment à l’architecture moderne abrite une exposition permanente, montrant l'histoire de la construction européenne et se focalisant sur les rôles et activités du Parlement. La visite se fait avec un guide multimédia disponible dans l'ensemble des langues officielles de l'Union européenne. Mais les élèves de section euro étaient aussi là pour nous aider à tout comprendre ! A noter encore, une exposition temporaire sur les enjeux des élections européennes à venir. Voici ci-dessous les futurs électeurs/électrices !
L’après-midi a été le clou de ce voyage. Rendez-vous fut donné au Square Robert-Schumann pour le jeu de pistes de l’année ! Aux élèves de répondre à un questionnaire sur les lieux les plus insolites et captivants du centre de Bruxelles : les fresques BD, les monuments célèbres (le Manneken-Pis et sa petite sœur..) et l’architecture exceptionnelle de Bruxelles (Galerie Saint-Hubert). Les élèves ont donc eu à faire preuve de réactivité pendant deux heures à la recherche de lieux à photographier. Mais ils avaient heureusement de gros indices et des rébus pour les aider à les retrouver. Qui aurait imaginé découvrir une fresque de schtroumpfs cachés sous le plafond d’une galerie commerciale ? Qui savait que les passages piétons arc-en-ciel étaient un rappel des droits LGBT+ ?
Cette journée active s’est terminée par un quartier libre autour de la Grand-Place, le temps d’acheter des chocolats et autres souvenirs typiques. Fourbus, nous avions tous bien mérité de se régaler dans une brasserie typique de Bruxelles, « le Grand café de Bruxelles ». Ouf, pas de frites.
Cette journée n’était pas pour autant terminée. Il a fallu reprendre le bus pour quitter, hélas, Bruxelles et retourner à la maison.
VENDREDI 29 MARS
Un long trajet nous attendait au retour : regagner Crest. La nuit dans le bus fut des plus paisibles, seulement marquée vers minuit par la remise émouvante de prix aux équipes vainqueurs du jeu de piste (tote-bags et chocolats à profusion).
En fin de matinée, arrivée à Crest. Nous étions tous complètement fatigués de ce long et intense périple.
Mais que de connaissances et d’enseignements engrangées ! Et que de bons souvenirs à partager ! De plus, plusieurs d’entre nous sont allés s’inscrire pour voter. Sans doute deviendront-ils des eurodéputés ou des commissaires européens dans quelques années ? Qui sait ! Wait and see.
Par François SEICHEPINE, Sandrine REDER et Xavier FOULON (professeurs)